Journée internationale des droits des femmes 2022 : conversation avec Deqa Dhalac

En l'honneur de la Journée internationale des droits des femmes, nous vous présentons les histoires inspirantes de femmes de tous horizons. Véritables précurseures, ces femmes accomplissent des exploits et ouvrent la voie à d'autres femmes dans tout un éventail de secteurs.

Dans la première partie de cette série, nous vous avons présenté douze femmes venant des quatre coins du monde, pionnières ayant accompli des exploits dans des domaines aussi variés que la politique, le commerce, le sport… 

Aujourd'hui, nous vous présentons Deqa Dhalac, Américano-Somalienne devenue la première de son pays et l'une des premières femmes migrantes à être élue maire aux États-Unis, en décembre 2021. Nous avons eu l'honneur de nous entretenir avec elle et de recueillir personnellement son témoignage. L'interview complète est disponible ci-dessous.

Comme beaucoup de migrants, Deqa Dhalac reste très attachée à ses racines somaliennes et à sa famille restée au pays. Grâce à des services tels que WorldRemit, il lui est bien plus facile d'envoyer de l'argent en Somalie que dans les années 90, époque à laquelle elle a quitté le pays. Aujourd'hui, il lui suffit de quelques clics pour envoyer de l'argent à ses proches. 

WorldRemit logo in purple - a W inside an octagon with a purple border

WorldRemit Content Team

Temps de lecture : 6À jour
A purple banner image with a photo of Deqa Dhalac - the first female African-born mayor in the US

Qui est Deqa Dhalac ?

Deqa Dhalac est la maire de South Portland, aux États-Unis. D'origine somalienne, elle a immigré aux États-Unis il y a une trentaine d'années. C'est une femme de nombreuses premières : première maire américano-somalienne aux États-Unis, première maire noire de South Portland et première musulmane élue au conseil municipal de South Portland. 

Deqa Dhalac s'engage à améliorer les mesures prises par sa ville pour lutter contre le changement climatique et développer l'accès à des hébergements abordables. En faveur de la diversité, de l'égalité et de l'inclusion pour tous, elle milite pour que les migrants s'impliquent davantage dans leurs communautés locales. 

De la Somalie aux États-Unis 

Née à Mogadiscio, capitale de la Somalie, Deqa Dhalac a deux frères. Ses parents ont toujours fait de son éducation une priorité : elle a suivi des cours privés en anglais, italien et arabe. Son père a largement contribué à sa passion pour la politique et la démocratie. Militant politique somalien, il a souvent dénoncé la corruption qui gangrénait le gouvernement dictatorial du pays. 

« [Il] nous disait : "Ne vous préoccupez pas de votre situation actuelle, en Somalie. Il y a de nombreux pays dans le monde où les présidents, les gouverneurs, les gouvernements locaux, etc. sont élus de façon démocratique." Nous étions fascinés, car nous n'avions jamais vu ça de notre vie. »

Son arrivée aux États-Unis se fait en plusieurs étapes. Juste avant le début de la guerre civile en Somalie, sa famille se mobilise pour l'aider à sortir du pays. Elle passe par la Libye pour arriver en Italie, où elle vit quelque temps avec une cousine. Elle emménage ensuite à Londres, où elle ne reste que quelques mois. Après le Royaume-Uni, Deqa Dhalac se rend au Canada et y demande l'asile. Sa demande est aussitôt acceptée : la guerre civile avait éclaté en Somalie et la situation empirait. 

En 1992, elle arrive aux États-Unis et emménage à Atlanta, où vivait alors son futur mari. Leurs familles ayant été proches en Somalie, des liens étroits les unissaient déjà avant qu'ils se marient et aient des enfants.

Deqa commence alors à travailler dans le secteur hôtelier et rencontre de nombreux autres migrants dans sa communauté. Elle remarque alors que beaucoup de migrants qui arrivaient aux États-Unis et qui obtenaient la citoyenneté américaine de s'inscrivaient pas sur les listes électorales. Certains ne savaient même pas qu'ils y avaient droit. Ils avaient d'autres priorités : prendre soin de leur famille pour ce nouveau départ et envoyer de l'argent à leurs proches restés au pays. Une situation que beaucoup de clients WorldRemit comprennent bien !

Sept ans après son arrivée à Atlanta, son oncle lui conseille de partir vivre dans le Maine. Il savait qu'elle cherchait à suivre des études. En plus d'offrir de telles opportunités, la ville où il vivait, Lewiston, abritait l'une des plus grandes communautés somaliennes du pays. 

Il suffit alors à Deqa d'une visite pour tomber sous le charme du Maine. Après quelque temps avec son oncle à Lewiston, elle comprend que cet État répond parfaitement à ses attentes. 

« C'est un État fantastique, très accueillant et sûr. [...] Le taux de criminalité y est très faible en comparaison avec de grandes villes comme Atlanta, New York ou Chicago. »

Deqa commence alors à mettre à profit ses compétences linguistiques pour devenir interprète auprès de Catholic Charities Maine. Elle collabore également avec la ville de Portland pour aider les réfugiés à prendre leurs marques dans leur nouveau pays. Elle emménage ensuite à South Portland, où elle s'implique encore plus dans sa communauté. 

Alors qu'elle travaille comme responsable de services sociaux, Deqa Dhalac décroche son premier Master en Politique de développement communautaire auprès de la University of New Hampshire, puis un Master en travail social auprès de la University of New England. 

Première migrante à devenir maire aux États-Unis 

À l'époque où Deqa suivait son Master en travail social, Donald Trump étant candidat à la présidence américaine. Pendant l'une de ses visites dans le Maine, de nombreux citoyens, Noirs comme Blancs, s'opposaient à ses déclarations à propos de la communauté somalienne dans l'État. 

Elle se sent alors plus motivée que jamais pour faire entendre sa voix, et participe alors à de nombreux rassemblements en faveur de l'immigration et de l'inclusion.

Inspirés par l'implication de Dequa Dhalac lors de ces événements, de nombreux citoyens de South Portland l'encouragent à se présenter aux élections du conseil municipal lorsqu'une place se libère en 2018. Elle se lance alors dans une campagne, faisant du porte-à-porte et s'efforçant de nouer des liens avec les citoyens pour obtenir leur soutien. Elle remporte les élections et devient la première Afro-Américaine et la première musulmane à être élue au conseil municipal. En 2020, elle démarre un nouveau mandat, après des élections sans concurrent.

Encouragée par cette réussite et par une formation de six mois avec Emerge Maine (plateforme qui encourage les femmes de l'État du Maine à se porter candidates aux élections), elle mène alors une campagne pour le poste de maire, encore une fois encouragée par sa famille et par ses collègues.

Grâce aux liens étroits noués avec la communauté locale, Deqa Dhalac mène une campagne fructueuse. De nombreuses personnes se portent volontaires pour l'aider à publier des articles sur les médias sociaux, à créer un site Web et à gérer sa campagne. Elle qualifie son ascension politique de « très vieux jeu » et doit sa réussite à son investissement pour la communauté, à ses années de bénévolat et à sa campagne de porte-à-porte.

En 2021, les sept membres du conseil municipal l'élisent maire à l'unanimité, décision motivée par ses années de bénévolat au sein de la communauté ainsi que son militantisme pour l'inclusion, l'hébergement abordable et un meilleur accès à l'éducation.

Sa prouesse est d'autant plus remarquable que la population de South Portland est à 90 % blanche. Pour Dhalac, c'est bien la preuve que « lorsqu'on noue des relations, peu importe qui on est. Peu importe d'où je viens, ils me font confiance, me connaissent et savent qu'ils peuvent compter sur moi. Ils se tiennent à mes côtés dans les moments où j'en ai le plus besoin. »

Elle-même source d'inspiration, Deqa Dhalac admire d'autres femmes. 

Deqa cite Harriet Tubman et mère Teresa parmi ses sources d'inspiration. Elle fait également l'éloge de nombreuses autres migrantes qui ont été élues dans le Maine. Cependant, c'est bien sa mère que Deqa cite comme principale modèle.

Même si elle n'a reçu aucune éducation, la maire la décrit comme une femme incroyablement intelligente et savante. Sa force et sa foi envers les femmes ont largement contribué à faire de Deqa la personne qu'elle est aujourd'hui. 

« Je veux faire passer un message aux jeunes femmes, surtout à celles de couleur et aux immigrées : imposez-vous. Ne dites pas que vous ne pouvez pas y arriver. Vous en êtes capable. Si j'y suis arrivée, vous aussi pouvez le faire. »

Entre la Somalie et les États-Unis

Les trois enfants de Deqa Dhelac sont nés aux États-Unis et s'identifient comme Afro-Américains. La maire a tenu à leur transmettre la culture de leur pays d'origine, la Somalie. La proportion de Noirs étant plus élevée à Atlanta qu'à South Portland, leur emménagement dans cette ville du Maine leur a provoqué un petit choc culturel. 

Dans une ville où 90 % des citoyens sont blancs, Deqa Dhalac tenait à ce que les membres de sa famille assument pleinement tous les aspects de leur héritage, dont leur identité afro-américaine. Elle leur donc a enseigné la culture somalienne et la pratique du somali.

Sans surprise, la famille est très importante pour Deqa. Avant de se porter candidate au poste de maire, elle a demandé l'avis de son mari et de ses enfants. Elle a attendu d'obtenir une majorité des voix pour aller de l'avant. Elle leur a alors dit « la chambre est à majorité démocrate, nous allons nous présenter ! ».

Son père est décédé peu de temps après qu'elle a quitté la Somalie, mais sa mère y vit encore. Elles sont très proches et se parlent au moins deux fois par semaine. En plus de ces appels réguliers, Deqa maintient le lien avec la Somalie via des envois de fonds : 

« C'est drôle, quand je suis devenue maire, elle m'a appelée et m'a dit "tous les membres de la famille, tous les voisins, tout le monde est devant la maison. Ils disent que tu as conquis la moitié des États-Unis. Il faut que tu nous envoies de l'argent, nous cuisinerons un festin pour les remercier pour leurs encouragements." Attendez une minute, je n'ai rien conquis du tout. Je ne suis même pas payée pour ce poste. [...] J'ai un autre travail qui me permet de payer mes factures. Je lui ai dit "Mais maman, je travaille !". Elle m'a répondu "Oui, mais ici, les gens ne le savent pas. Tu peux bien nous envoyer un peu d'argent, non ?" C'est donc ce que j'ai fait, pour qu'elle puisse faire à manger à tous les voisins. »

Si vous avez déjà eu une telle conversation avec votre famille, nous pouvons vous aider. Avec WorldRemit, envoyez de l'argent à vos proches de façon rapide et sécurisée via notre application ou notre site Web. 

Cliquez [ici] pour accéder à notre article sur la journée des droits des femmes, et découvrez-ci-dessous la vidéo de notre interview avec Deqa Dhalac.

Retour à l'accueil
WorldRemit logo in purple - a W inside an octagon with a purple border
WorldRemit Content Team

WorldRemit allows customers to stay connected and support their loved ones. Our Content Team plays an integral part in that. We celebrate the global community and help you to achieve your ambitions.